Savon, Limoges et kaolin
En 1767, on découvre pour la première fois en France un gisement de kaolin, cette précieuse argile blanche indispensable à la fabrication de la porcelaine. Situées à Saint-Yrieix-la-Perche, près de Limoges, les carrières s’étendent à l’époque sur plus de 25 kilomètres. Aujourd’hui épuisées, ce sont elles qui ont donné naissance à la célèbre porcelaine de Limoges.
Ce matériau d’exception arrive ensuite en Europe par la route de la soie. Aux XVIIème et XVIIIème siècle, les fameuses porcelaines « coquilles d’œuf » affluent sur le continent. Permettant de fabriquer de la vaisselle ou des pièces décoratives élégantes et raffinées, l’inestimable argile blanche devient un matériau de référence dans les arts de la table. Synonyme de luxe et de qualité, la vaisselle en porcelaine séduit toutes les grandes familles françaises au XIXème siècle. Mais la recette de cette céramique précieuse est longtemps tenue secrète. D’autre part, si Louis XV crée une première manufacture d’Etat à Sèvres (puis à Paris), le matériau est toujours exporté. Aucun gisement de kaolin n’a encore été découvert en France.
La découverte du kaolin en France
Les carrières de kaolin sont découvertes à la fin du XVIIIème siècle dans le village de Saint-Yrieix-la-Perche, près de Limoges (d’où l’appellation « porcelaine de Limoges »). L’histoire raconte qu’en 1767, Madame Darnet, la femme d’un chirurgien militaire, lave régulièrement son linge avec une terre fine et blanche, qui le rend particulièrement doux. Imaginant pouvoir développer une lessive à partir de cette argile, son mari se rapproche d’un ami apothicaire de Bordeaux, Marc-Hilaire Villaris. Or, ce dernier comprend aussitôt qu’il s’agit de kaolin, cette argile blanche tant recherchée pour la création de la porcelaine.
L’apothicaire entre en pourparlers avec les autorités de l’époque, et fait envoyer des échantillons à la Manufacture de Sèvres. Il rachète le champ où se trouve le gisement de Jean-Baptiste Darnet à un prix dérisoire, et le revend en suivant au roi Louis XV. Les premières exploitations des carrières ont lieu vers 1780 (Jean-Baptiste Darnet est alors chargé de la gestion du site), avec les retombées économiques et financières que l’on connaît aujourd’hui.
Limoges, nouvelle capitale mondiale de la porcelaine
Si elles sont aujourd’hui épuisées, les carrières de kaolin de Saint-Yrieix s’étendent à l’époque sur plus de 25 kilomètres. En plus d’alimenter les manufactures de Sèvres et de Paris (qui existent déjà), elles mènent à la création de celle de Limoges. C’est la naissance de la fameuse porcelaine de Limoges.
Grâce à cet or blanc, le village de Saint-Yrieix se transforme pendant deux siècles en véritable contrée minière et offre d’intéressantes perspectives d’emploi aux paysans. Les cailloux sont extraits à la pioche par les hommes, dans les fosses des carrières. Ils sont ensuite transportés par les femmes dans des petites caisses en bois, pour être triés. Le kaolin est réduit en poudre, lavé, transformé en pâte, et mélangé à du quartz et à du feldspath. La pâte à porcelaine est créée et Limoges devient célèbre dans le monde entier.